© P.Yves Touzot 2018

22 janvier 2023

LA LONGUE ROUTE (Essai)

Le carnet de bord de Bernard Moitessier durant le Golden Globe Challenge, la première course à la voile autour du monde en solitaire en 1968.














La Longue Route est un récit autobiographique de Bernard Moitessier, marin et philosophe des années 60,  pionnier de la course à la voile en solitaire et altermondialiste avant l'heure, durant la première course à la voile autour du monde en solitaire en 1968. Si ce livre raconte ses longs mois de navigation en les étoffant de nombreuses anecdotes savoureuses, dans le fond comme dans la forme, La Longue Route est davantage un essai philosophique qu'un véritable récit de marin. Au fil des pages, Bernard Moitessier partage avec son lecteur sa vision de la mer, mais surtout sa vision du monde et de ses dérives inhérentes, à la manière d'un fils spirituel de David Thoreau, un fils qui aurait choisi l'océan à la place d'une cabane isolée dans les bois. Son regard critique et sans concession sur les affres du monde moderne résonne comme une invitation à refuser la société de consommation (qu'il appelle "Le Monstre") et à nous reconnecter avec la nature pour profiter d'une vie plus douce et plus épanouissante. Son message prend de nos jours encore plus de sens, et sa philosophie a participé à la construction du mouvement altermondialiste.
Au fil des pages, le lecteur finit par comprendre que Bernard Moitessier a décidé de faire ce tour de monde pour écrire le livre, et non, comme son attitude en fin de parcours le prouvera, pour la course en elle-même. L'histoire est magnifique: alors qu'il remonte l'Atlantique, la victoire lui tend les bras lorsqu'il prend une décision pour le moins stupéfiante. Il lance une lettre à l'aide d'une catapulte à un paquebot qui croisait sa route pour qu'il transmette à la direction de la course le message suivant: "je continue sans escales vers les îles du Pacifique, parce que je suis heureux en mer, et peut-être aussi pour sauver mon âme". Il s'engage alors pour un second tour du monde, qui s'achèvera en Polynésie, où il s'installera sur l'atoll d'Ahe. Un demi-siècle plus tard, cet endroit perdu dans l'océan Pacifique garde toujours une trace de son passage. Surpris de ne voir aucun arbre fruitier sur ces iles, Bernard Moitessier passera plusieurs années de sa vie a faire des aller-retour sur son voilier charges de jeunes arbres pour les planter sur les terres de cet atoll, et offrir à sa population des fruits gratuits, et disponibles sur place. Ce revirement durant la course et son engagement humaniste dans les années qui suivirent ont forgé sa notoriété, et créé un mythe moderne qui résonne encore aujourd'hui dans le coeur des marins et de ceux qui rêvent d'un monde différent. 
Bernard Moitessier s'est éteint en 1994, à l'âge de 69 ans, des suites d'une longue maladie. Son bateau emblématique, le Joshua (en hommage à Joshua Slocum, marin canadien connu pour avoir fait le premier tour du monde à la voile en solitaire à la toute fin du XIXe siècle ), est visible au Musée Maritime de La Rochelle.

Comme un Albatros, mon second roman, rend hommage à ce marin philosophe humaniste dont les écrits ont éclairés ma vision du monde.


Une œuvre majeur, visionnaire et précurseur. Beau et profond comme l'Océan. 

La Longue Route, de Bernard Moitessier.
Première parution en 1971 aux Editions Arthaud.
Disponible chez Arthaud, collection « Mer », 2005 et en format de poche (J'ai lu, 1995)


Les amateurs pourront compléter leur découverte de l'oeuvre de Bernard Moitessier
à travers ses autres publications, toutes disponibles aux Editions Arthaud:
     - Vagabonds des Mers du Sud
     - Tamata et l'Alliance
     - Cap Horn à la voile
     - Voiles, mers lointaine, îles et lagons


Sur ce site, pour les amoureux de la mer:


  

21 janvier 2023

JACK LONDON, UNE AVENTURE AMERICAINE (Doc)

Un documentaire biographique sur Jack London, sa vie et son œuvre.



À l'occasion du centenaire de sa disparition, ce documentaire biographique s'intéresse à la vie de Jack London (1876-1916), un des plus grands écrivains nord-américains, et un des piliers du courant littéraire nature writing. 
À travers des images d'archives, des interviews de spécialistes et des reconstitutions (sous forme de fiction), le film retrace sa vie de manière chronologique, depuis son enfance dans les faubourgs pauvres de San Francisco jusqu'à sa mort, en passant par ses années d'errance dans le pays, son long séjour dans le Klondike durant la ruée vers l'or, ses années de croisière dans le Pacifique sur le Snark, son travail de photographe dans les quartiers pauvres du Londres des années 1900, ou encore ses missions d'envoyé spécial pendant la guerre russo-japonaise... Autant de chapitres d'une vie bien remplie qui ont construit l'œuvre profonde, originale et prolifique (plus de 50 romans) de Jack London. Malheureusement, si ce documentaire n'oublie rien, il se contente de peu. Aucun de ces chapitres ne creuse vraiment le sujet qu'il aborde, que ce soit les thématiques inhérentes à ses nombreux voyages, son implication dans les mouvements socialistes nord-américains, ou encore les connexions réelles entre sa vie et ses écrits.
Les néophytes y trouveront une bonne introduction à la vie de Jack London alors que les spécialistes et les inconditionnels resteront sans doute un peu sur leur faim.

Un documentaire intéressant et complet, mais sans réelle profondeur.

Jack London, une aventure américaine, un documentaire de 96' réalisé par Michel Viotte, diffusé en 2016.
Disponible en DVD/BlueRay/VOD






Sur ce site, à propos de la conquête de l'Ouest:


 


20 janvier 2023

TERRE LOINTAINE (Roman)

Un homme se réveille une nuit d'orage en forêt et tente en vain de retrouver la civilisation...


Note de l'auteur du blog:
Pour fêter mon 50e article, j'ai décidé de publier une critique d'un de mes romans. Et comme il n'était pas question que je l'écrive moi-même, Bruno François-Boucher, réalisateur et scénariste, amateur de la première heure de Terre Lointaine, s'en est chargé. Et je l'en remercie.

Le livre fascinant qu'est le premier roman de Pierre-Yves Touzot a ce pouvoir de nous emmener dans une aventure hors du commun dont on ne peut rien dévoiler au risque de dénaturer le plaisir du lecteur. Imaginez seulement ceci : un homme dont on ne sait rien de son passé s'éveille en plein coeur d’une nature sauvage, monde impossible à identifier, aux côtés d’une sorte de capsule grande comme son corps qui a servi à le transporter jusque là. Le récit, conçu avec une imagination débridée, va peu à peu remettre en question le sens de nos existences. Mille et une trouvailles parsèment cette œuvre que l’on dévore comme les meilleurs thrillers et romans de science-fiction. On pense tour à tour à René Barjavel, à Arthur C. Clarke, aux grands auteurs qui ont tenté de répondre au pourquoi de la présence de l'homme sur terre sans jamais pour autant oublier de nous faire rêver. Le pari était fou, particulièrement risqué même, et tels des explorateurs d'un autre temps, machette à la main, nous partons à la conquête d’un nouveau monde qui va nous mener de surprises en surprises. L’esprit du lecteur demeure en ébullition au fil des pages sans que rien ne puisse faire présager de l’incroyable dernier acte qui s’avère de toute beauté.
Un auteur est né, c'est une évidence. Je n'avais rien lu de tel depuis longtemps, ayant dévoré cette épopée comme on lit Jules Verne ou Harry Potter à 12 ans, H.G Wells et sa « Machine à explorer le temps, » plus tard Paul Auster. Ce roman d’anticipation n’a cessé de susciter mon imaginaire, de me nourrir de réflexions sur le devenir de notre monde, de m’emplir d'images, de sons, d'émotions, comme à la vision émerveillée d’un film sans temps mort.
Des jours durant le récit de Terre lointaine ne m'a pas quitté. Je demeurais dans la peau de ce héros qui n'a pas de nom et qui finit par s'en inventer un à la mesure de son odyssée. J’éprouvais encore longtemps après son périple toutes sortes de sensations, la grande force du livre étant d'être totalement interactif avec le lecteur.
La nature, de première importance, revêt ici un caractère particulièrement extraordinaire parce que l’auteur porte sur elle un regard inédit. On sait que notre condition de terrien est devenue précaire et que les ans sont désormais comptés. La planète Terre est chaque jour un peu plus dépouillée de ses attributs et nous avons oublié l’origine même de nos existences. C’est là le sens même du livre de Pierre-Yves Touzot qui nous fait redécouvrir l’origine du monde, la nature de Terre Lointaine paraissant soudainement neuve, sans limites, comme aux premiers jours de sa création. Un grand voyage oublié, plus jamais entrepris depuis les premières explorations, et qui figure déjà sur mon rayon préféré de bibliothèque.

BFB, avril 2016


Terre Lointaine, un roman de Pierre-Yves Touzot paru en 2008,
puis dans une seconde édition en 2016 aux Editions du Caillou.

Disponible uniquement sur le site de l'éditeur.
http://www.editions-du-caillou.fr/edc_manager2/public/front/Base/unLivre/12