© P.Yves Touzot 2018

13 février 2023

RETOUR A LA TERRE (BD)

Mariette et Larssinet, citadins de naissances, décident de s'installer à la campagne. Une fois sur place, ils vont devoir tout réapprendre ...


Roman dessiné autant que récit autobiographique (Manu Larcenet, le dessinateur, a pris la même décision dans sa vie), Retour à la Terre raconte le quotidien et les états d'âme d'une couple de parisiens pris d'une soudaine envie de campagne. Cette mise en abime de la vie de l'un des l'auteurs rend chaque situation troublante de réalisme, souvent touchante, et toujours pertinente. Traité avec humour et beaucoup de second degré, Mariette et Larssinet offre un guide pratique joyeux et complet de la vie loin de la ville. Les dessins, colorés et travaillés, participent à la poésie qui se dégage de cette oeuvre singulière. Au fur et à mesure que l'on avance dans les volumes (5 au total), le récit s'éloigne de son sujet initial pour devenir une chronique d'un couple de trentenaires sans perdre de son authenticité et de sa nostalgie joyeuse.

Pour ceux qui n'osent pas franchir le pas. Sensible et rafraichissant.

Retour à la Terre, un bande dessinée de Manu Larcenet et Jean-Yves Ferri en 5 volumes, paru à partir de 2002.
Editions Dargaud, collection Poisson Pilote.













L'HOMME QUI MARCHAIT SUR LA LUNE (Roman)

Un homme arpente inlassablement la Lune, une montagne de l'Ouest américain... 



L'homme qui marchait sur la Lune est un roman court, porté par une belle écriture, très visuelle, qui nous invite à suivre un homme solitaire obsédé par une montagne perdue dans le désert du Nevada. Très vite, nous sommes avec lui, au plus proche de la nature, dans une déambulation sans fin gratuite et inexpliquée. Pourtant, petit à petit, le personnage se révèle. Dans un passé pas si lointain, il était soldat dans l'armée américaine, une sorte de tueur à gages officiel qui semblait accomplir ses missions froidement et sans états d'âme. Lorsqu'il découvre qu'un autre homme arpente comme lui la montagne, sa montagne, il imagine alors qu'il s'agit là d'un proche d'une de ses victimes, venue là pour se venger. Dès lors, le récit bascule dans une chasse à l'homme lente et graduelle, sans que l'on sache jamais vraiment si la présence de cet intrus est une réalité, ou le fruit de la paranoïa de notre héros, plus torturé qu'il ne se l'avoue par son passé violent.
La fin,violente et magnifique, apportera une surprenante réponse à cette question. 
La grande force de ce roman réside dans la capacité de son auteur à nous immerger pleinement dans les errances répétitives et obsessionnelles de son personnage central sur cette montagne aride et froide, et à nous entraîner avec lui dans une transe intérieure hypnotique au plus près de la nature. 

Un thriller intérieur au coeur de la nature. Etonnant et captivant.

L'homme qui marchait sur la Lune, un roman d'Howard McCord (Editions Gallmeister, 2006)




Sur ce site, pour les amateurs de récits d'hommes (et de femmes) seuls dans la nature:




10 février 2023

GRIZZLY MAN (Doc)

Portrait de Tim Treadwell, écologiste illuminé et controversé, qui a passé plusieurs années de sa vie à vivre avec les grizzlys.


Portrait d'un allumé, par un allumé.
Devant la caméra, Timothy Treadwell, dévoré par des grizzlys (avec sa compagne Amie) en 2003, après des mois passés à vivre avec eux. Derrière la caméra, Werner Herzog, réalisateur (entre autres) d'Aguirre, la colère de Dieu, de Fitzcarraldo ou encore de Nosferatu, fantôme de la nuit, qui essaye dans ce documentaire de comprendre la personnalité de son héros à travers des dizaines d'heures de rush tournées avant sa mort. 
Ou comment faire un portrait d'un homme sans jamais l'avoir rencontré. 
Dès les premières séquences, on comprend pourquoi Werner Herzog s'intéresse à lui. Comme chez les héros de ses propres films, il y a chez Timothy Treadwell de la démesure, du narcissisme, de la grandiloquence, et une incontestable touche de génie qui s'apparente comme souvent à de la folie. Le film nous invite donc en Alaska, dans le Katmaï National Park, à vivre avec Tim toujours plus proche des grizzlys. Et il n'a pas peur de s'en approcher vraiment. Le personnage étonne avant tout par son ambiguïté. Si son engagement dans la lutte pour sensibiliser le grand public à la nécessaire protection des ours sauvages est sincère, on se demande souvent s'il n'est pas avant tout là pour se mettre en scène, faire le show et assoir sa notoriété. Tour à tour très professionnel dans ses actes et ses commentaires et au-delà de l'amateurisme le plus total, Tim nous agace presque autant qu'il nous intéresse. Son funeste destin, annoncé dès le début du film, nous aide à tenir, à rester jusqu'à la fin pour assister à sa mort. Le procédé est discutable, mais il fonctionne. Et malgré ses mauvais côtés, Timothy Treadwell est probablement celui qui s'est approché au plus près de cette espèce fascinante et majestueuse qu'est le grizzly. Les images qu'il a rapportées de ses expéditions dans une région à la beauté réellement sauvage restent rares et exceptionnelles.
La fin du film, tragique et brutale, nous rappelle une évidence: le monde sauvage, même lorsque l'on a l'impression de l'avoir apprivoisé, reste sauvage.

Un documentaire poignant et dérangeant sur le rapport entre l'homme et l'animal sauvage.

Grizzly Man, un documentaire de Werner Herzog (2005)
Disponible en DVD/Blue Ray/VOD.





Sur ce site:

ESSAI & DOC: La vie Secrète des Arbres
TV SHOW: Man vs Wild
DOC: La Vallée des Loups





1 février 2023

LA VALLEE DES LOUPS (Doc)

Un homme, persuadé que les loups ont fait leur retour dans une vallée perdue des Alpes, part à leur recherche ...



Attention: le film est bien meilleur qu'elle ne le laisse présager la bande-annonce. La Vallée des Loups est un vrai documentaire, élégant et habité, qui nous invite dans une nature réellement sauvage française, ce qui n'est pas si fréquent, et très agréable.

Réalisateur de documentaire, Jean-Michel Bertrand se met en scène dans ce documentaire consacré à ses deux années passées à arpenter inlassablement une vallée isolée du sud du parc de la Vanoise. Et ce dispositif simple fonctionne. Notre héros (et donc notre réalisateur) explore chaque recoin de cette immense vallée, sac sur le dos, jumelles en bandoulières, sous le soleil, sous la pluie ou sous la neige, en été comme en hiver,  à la recherche d'une hypothétique meute de loups qui s'y serait installé. Les images sont souvent magnifiques, comme la musique, et le soliloque du personnage principal plutôt intéressant. Le film aurait sans doute pu s'en passer, mais reconnaissons qu'il ne nuit pas à notre plaisir, ce qui est rarement le cas dans ce genre de procédé narratif. 
Au fur et à mesure que sa stratégie s'affine, notre explorateur infatigable installe des caméras automatiques dans des lieux supposés de passage, et les relève de temps en temps, non sans prendre le temps de nous montrer le résultat à l'image: des sangliers passent devant l'objectif fixe, des renards, des cerfs, des bouquetins ... Mais, pendant près de la moitié du film, point de loup.
Alors que film s'étire un peu, notre patience est mise à l'épreuve, mais la générosité du réalisateur/héros dans sa quête, sa patience (presque) infinie, et sa pugnacité face à l'adversité forcent suffisamment notre admiration pour nous maintenir à ses côtés. Et lorsque les images des loups arrivent enfin, magnifiques et troublantes, elles sont autant sa récompense que la nôtre. 

Un documentaire en immersion élégant et habité. Une vraie réussite.

La Vallée des Loups, un documentaire de 90' de Jean Michel Bertrand, sortie le 4 janvier 2017.




Sur ce site, pour les amateurs de documentaires animaliers: