© P.Yves Touzot 2018

28 octobre 2022

ENCABANEE (Roman)

Anouk, citadine québécoise, nous raconte ses quelques jours passés dans une cabane isolée en hiver...


Anouk, citadine en résilience, s'isole dans une cabane au milieu d'une forêt en plein hiver, et nous raconte à la fois son quotidien, et ses états d'âme sur notre monde. Le concept commence à être éculé, mais pourtant, une fois de plus, ce joli roman parvient à nous transporter et à nous nourrir. 
Encabanée est un premier roman largement autobiographique puisque l'auteure, Gabrielle Filteau Chiba, québécoise, l'a écrit (plus où moins) dans des conditions similaires à celles qu'elle fait endurer à son héroïne, à savoir un isolement total dans une cabane partiellement délabrée perdue au milieu d'une forêt pétrifiée par l'hiver. 
Au-delà de la qualité évidente de sa prose, de la richesse de ses propos, de la qualité de ses illustrations, l'intérêt de ce roman réside dans le point de vue (pour une fois) féminin qui est porté sur ce genre d'aventure majoritairement masculine. Le refus de la société moderne et l'envie soudaine de se retrouver confronté à la réalité de la nature et de l'hiver d'Anouk, l'héroïne du récit est à n'en pas douter l'alter ego de l'auteur, sont cette fois-ci traités à travers un regard féminin assumé, engagé, parfois un peu désespéré, mais souvent drôle. Ses descriptions de ses affres causées par un hiver Nord canadien sans pitié, et le regard sans concession qu'elle jette sur les aberrations de son ancienne vie, touchent le lecteur page après page.
A la fois véritable récit de nature writing et pamphlet altermondialiste engagé, Encabanée nous dépayse autant qu'il nous émeut. Et lorsque l'on referme ce joli roman, on en vient à se demander si Gabrielle Filteau Chiba n'est pas l'arrière-arrière-arrière-arrière petite fille cachée de Thoreau, ou la petite soeur secrète de Pete Fromm. Et si tel n'est pas le cas, elle en est une digne héritière, de l'un comme de l'autre. Et pour répondre à la question que vous pourriez vous poser: oui, c'est un (très beau) compliment.

Quelques jours dans une cabane, au cœur d'une forêt canadienne, sans partir de chez soi.
Le joli cadeau de nature writing de ce début d'année.


Encabanée, un roman de Gabrielle Filteau Chiba
Disponible aux Editions XYZ
Lien vers le site de l'éditeur




Sur ce site, pour les amateurs d'histoires de retraites solitaires et hivernales dans la nature:

ROMAN: Le Poids de la Neige
BD: Construire un Feu
ESSAI: Le dernier Ermite



27 octobre 2022

LE MUR INVISIBLE (Roman & film)

Quelques part dans les Alpes autrichiennes, une femme se retrouve prisonnière de sa vallée, subitement entourée par un mur invisible infranchissable ...



Une femme (dont on ne connaitra jamais le prénom ni le nom) rend visite à des amis dans un chalet à la montagne. Alors que ses hôtes sont partis pour faire des courses au village le plus proche, elle découvre qu'un mystérieux mur invisible isole dorénavant sa vallée du reste du monde. Elle va devoir s'organiser pour survivre et apprendre à vivre seul, loin des Hommes...
Autant le préciser dès maintenant, le Mur Invisible est un des romans sur le rapport à la nature les plus purs et les plus bouleversants que j'ai lu. À partir d'un postulat de base fantastique qui ne sera jamais expliqué et qu'il faut accepter froidement, comme notre héroÏne, le Mur Invisible se révèle vite être à la fois un conte philosophique profond sur l'isolement et la solitude, et un véritable récit de nature writing. Pour survivre dans ce monde fermé, cette femme va devoir mettre en place des routines à la fois mentales et logistiques qui vont, au fil des pages, évoluer et s'imprégner en nous les unes après les autres. L'immersion est totale. Très vite, ses victoires, ses échecs, ses états d'âme et ses errances deviennent les nôtres. La nature, omniprésente à travers les éléments naturels (vent, neige, pluie, froid, chaleur...) mais également la faune locale (chien, chat, vache, ainsi que quelques surprises que je ne vous dévoilerai pas) est ici une arène pleinement exploitée par l'héroïne, au sens propre comme au sens figuré. Sa vallée devient la nôtre, on finit par s'y sentir chez nous, et en connaitre comme elle les moindres recoins.
Si le cheminement intérieur de son héroïne n'est pas aussi intime et profond dans le film que dans le roman, l'adaptation cinématographique du Mur Invisible est à la fois fidèle et aboutie. Ici, pas de trahison à des fins commerciales, juste une mise en image fidèle et élégante du récit initial. La qualité du film repose en grande partie sur sa comédienne, Martina Gedeck (vue dans La Vie des Autres, autre chef d'oeuvre récent du cinéma allemand), seule représentante de la race humaine à l'image, qui tient le film sur ses épaules à travers une interprétation à la fois sobre et habitée. Avec elle, nous passons près des trois quarts du film dehors, à ciel ouvert, dans cette vallée verdoyante en été et glaciale en hiver, dans une réelle proximité avec la nature. Une voix intérieure, à la fois présente et discrète, nous invite à partager ses errances et ses états d'âme sans jamais nous faire sortir du film. Un véritable exploit tant l'utilisation de la voix off se révèle souvent un exercice périlleux. 

À la fois ode à la nature et conte philosophique, un petit chef-d'oeuvre sublime et méconnu de la littéraire germanique, et sa fidèle adaptation cinématographique. 

La mur invisible, un roman de Marlen Haushöfer, publié en 1963.
Disponible aux Editions Babel et Actes Sud.
Prix Arthur Schnitzler 1963




Le mur invisible (Die Wand), un film allemand de Julian Pölsler, sorti en 2012
Disponible en DVD/BlueRay/VOD
Nommé pour l'Oscar 2014 du Meilleur Film Etranger.






Sur ce site, pour les amoureux des films contemplatifs:

DOC: Two Years at Sea
FILM: La Tortue Rouge
FILM: Printemps, été, automne, hiver et printemps







TWO YEARS AT SEA (Doc)

Un homme, une cabane, la nature.











Dès son premier visionnage, Two Years at Sea est devenu pour moi un documentaire de référence, une œuvre majeure traitant du rapport à la nature, et à la solitude.
Le scénario tient en quelques lignes : Jake Williams, un vieil homme aux longs cheveux blancs et à la barbe hirsute vit en ermite dans une cabane isolée au cœur d'une forêt écossaise, loin de la civilisation.
Et c’est tout.
La référence à Thoreau est évidente. Pourtant, la démarche est très différente: Jake Williams n’écrit pas. Il n’est pas là pour philosopher ou pour témoigner, mais juste pour vivre l’instant présent. Et Ben Rivers, réalisateur de ce film singulier, se contente de nous faire partager son quotidien, à travers un voyage hypnotique et poétique d’une rare intensité.
Depuis ses débuts, Ben Rivers filme l’isolement et la solitude à travers des portraits de personnages toujours plus extrêmes. Pendant plus de deux ans, il a partagé la vie de Jake Williams, pour s’immerger dans son quotidien, se faire oublier, et le filmer au plus près, sans jamais intervenir, ni céder à la moindre tentation de dramatisation de sa vie. Durant 90 minutes, de (longs) plans hypnotiques s'enchainent lentement, en prenant leur temps, le plus souvent en caméra fixe, et en bruitage naturel. Le choix d’une image en noir et blanc granuleuse et contrastée à la Tarkovski, tournée en pellicule 16 mm à l’ancienne, renforce l’âpreté du film, tout en créant un contraste étrange avec la douceur de vivre et la sérénité de Jake Williams. Au-delà du propos, ces partis pris de mise en scène créent une œuvre visuelle forte, un documentaire véritablement cinématographique, denrée rare de nos jours.
Two Years at Sea nous invite donc à accompagner l'ermite dans sa vie de tous les jours dans sa cabane, autour de sa cabane, dans ses errances dans la forêt pour de longs moments de contemplation de la nature qui atteignent leur paroxysme lors d'un plan séquence de plus de sept minutes, véritable climax de cette non-histoire. Le film prend alors sa véritable dimension philosophique et spirituelle en devenant une sorte de miroir qui nous plonge dans un voyage intérieur, en laissant chacun d'entre nous libre d'emprunter son propre chemin, et de se raconter sa propre histoire. Certains resteront extérieurs à cette transe lente et hypnotique, qui ne raconte pas grand-chose tout en traitant de l'essentiel. Les amateurs de ce genre de cinéma et les puristes à la recherche de vérités intérieures qui parviendront à lâcher prise et à oublier la réalité accompagneront Jake Williams dans sa drôle de vie, dans ce film d'errance et de contemplation parmi les plus jusqu'au-boutistes que j'ai vu.
Pour ceux qui se poseront la question, le titre, Two Years at Sea, fait référence aux deux années que notre antihéros a passé en mer pour s'offrir cette vie d’ermite qui le faisait fantasmer depuis son plus jeune âge.

Une invitation à fascinant voyage intérieur. Unique et poétique.



Two Years at Sea, un documentaire de 90" de Ben Rivers, sorti en salle en 2011.

Disponible en DVD/BlueRay/VOD, mais aussi en accès libre sur internet.


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24 octobre 2022

RESPIRER (Mini série)

Après le crash de son avion en pleine forêt, une citadine doit survivre seule dans la nature...



Un accident d'avion dans une forêt, une survivante livrée à elle-même dans une nature sauvage, une histoire de survie... A priori, tout était réuni dans la série Respire, Keep Breathing dans son titre original anglais, pour m'offrir un de ces voyages into the wild dont je raffole, mais cette fois-ci, autant le dire clairement, je suis resté à quai. Avant d'aller plus loin, je me dois par honnêteté d'informer mes lecteurs que je n'ai vu (tenu) que deux épisodes (sur six), et que, par conséquent, j'ignore comment l'histoire évolue par la suite. Le début donc de l'histoire d'une jeune citadine qui, suite à un concours de circonstances malheureux (et, reconnaissons-le, un peu alambiqué), se retrouve à devoir survivre seule dans une forêt canadienne. Joli postulat de départ, très vite gâché par une avalanche de mauvais choix. La faiblesse du scénario, le manque de crédibilité de ses décisions comme de ses actes, les limites de son interprète principale, les incessants flashbacks qui nous éloignent de l'essentiel, sans oublier une multitude de partis pris artistiques malencontreux, par exemple sa tenue toujours impeccable (comme son maquillage) et la succession d'enjeux dramaturgiques futiles. Pas grand-chose à sauver, malheureusement, dans cette nouvelle proposition sur un thème déjà largement exploité. À voir, au mieux, comme une porte d'entrée pour grand débutant en matière de film de survie dans la nature.



Keep Breathing / Respirer.
Une série 6*52' disponible sur Netflix.


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JULIUS WINSOME (Roman)

Un homme vit seul avec son chien dans une cabane isolée pleine de livres. Le jour où il retrouve son chien abattu, il part à la recherche de son meurtrier ...


Julius Winsome, la cinquantaine, vit seul avec son chien Hobbes dans une cabane isolée dans les montagnes du Maine, entouré des 3283 livres que son père décédé lui a transmis, et qu'il lit consciencieusement les uns après les autres, par ordre alphabétique. Sa vie s'écoule de manière paisible, loin de la société moderne et de ses excès, mais le jour où il découvre son chien abattu d'un coup de carabine de chasse devant sa cabane, tout bascule...
Un justicier dans la ville, version campagne en hiver. Julius Winsome raconte de manière convaincante la radicalisation d'un homme paisible qui pour venger son chien va lentement se transformer en tueur (presque) psychopathe, comme Charles Bronson dans ce grand classique du cinéma réactionnaire américain des années 70. Le style est direct, imagé, toujours au plus près de son protagoniste principal unique, au service d'un récit qui parvient à être à la fois poétique et dramatique, tant cette lente descente vers l'extrémisme de ce personnage éminemment bienveillant qui ne demandait rien à personne semble inexorable. Les longs passages de traque dans les plaines enneigés du Maine sont souvent jouissifs, et l'évolution du personnage émouvante jusqu'aux dernières pages. Comme dans toute tragédie digne de ce nom, la fin ne nous épargne pas, et la morale de l'histoire est sombre: même lorsque l'on choisit de vivre en ermite, on n'est pas à l'abri de la folie des hommes, cette folie qui sommeille en chacun d'entre nous, prête à se réveiller et à prendre le dessus. L'histoire tragique de Julius Winsome le confirme une fois de plus: l'Homme est bien un loup pour l'Homme.

Une longue errance solitaire dans la nature au cœur de l'hiver.

Julius Winsome, un roman de Gerard Donovan (Editions du Seuil, 2010)





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LE SOMMET DES DIEUX (Manga)

Quelque part sur les pentes d'un haut sommet himalayen, un alpiniste retrouve un appareil photo qui pourrait bien contenir les preuves de l'identité des véritables premiers hommes a avoir atteint le sommet de l'Everest ...



Le sommet des Dieux, ou la rencontre réussie entre l'art du Manga et Frison Roche ...
Contrairement aux apparences, le sommet des Dieux n'est pas inspiré de faits réels, mais bien une fiction, l'adaptation plutôt fidèle (d'après les spécialistes, je ne l'ai pas lu) du roman éponyme de Yumemakura Baku, qui jouit d'une grande renommée au Japon.
À travers l'histoire de son personnage principal Hase Tsunéo (inspiré de Tsunéo Hasegawa, une des légendes de l'alpinisme nippon) le sommet des Dieux est une saga autour d'un appareil photo censé renfermer des clichés prouvant la véritable identité des premiers alpinistes à avoir conquis l'Everest, mais aussi (et surtout) un conte philosophique sur le dépassement de soi, l'obsession, la quête du sens de la vie, le courage et la folie. Le récit alterne habilement des passages narratifs en ville et des scènes en haute montagne, souvent sans dialogues, dans une immersion totale avec la nature et les éléments. Dans ce contexte violent où la montagne se révèle à la fois magnifique et sans pitié, les hommes, confrontés à eux-mêmes, à leurs forces et à leurs faiblesses, se révèlent au fil des pages. Le contexte est grandiose, la dramaturgie intense, et les personnages profonds et charismatiques. Cette longue immersion (5 tomes) dans un milieu peu exploré par la bande dessinée est un cadeau pour les amoureux de la montagne, mais aussi pour les non initiés, qui se laisseront facilement emporter par une histoire fluide et riche en rebondissements, portée par des dessins d'un incroyable réalisme. 
À noter qu'une adaptation cinématographique du roman est sortie en 2016 au Japon, réalisée par Hideyuki Hirayama, et qu'un film (français !) d'animation en 3D est en préparation. 

Pour les amoureux de la montagne et les autres, un des grands chefs d'oeuvre du manga. Grandiose.

Le sommet des Dieux, un manga en 5 tomes de Jirô Taniguchi.
Publié au japon entre 2000 et 2003, puis en France au éditions Kana entre 2004 et 2005.





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ROMAN: L'homme qui marchait sur la Lune
DOC: La Vallée des Loups
BD: Ailefroide






23 octobre 2022

1883 (Série)

La longue transhumance d'un groupe de pionniers entre le Texas et l'Oregon, en 1883.



Après avoir vu (et lu) un certain nombre de films (et de récits) sur la thématique des pionniers pendant la conquête de l'Ouest, une conclusion s'impose: la série 1883 fait incontestablement parti du très haut du panier. Présentée comme un prequel de la (déjà très bonne) série Yellowstone, la série raconte l'arrivée des ancêtres de la famille Dutton dans la sublime vallée qui accueille leur ranch, sur ces terres si chères à leur coeur. Mais cette forme de paternité historique n'a aucune importance tant la sérié 1883 se tient en elle-même. Et à mes yeux, elle raconte bien davantage que l'histoire des ancêtres de cette famille.
Tout d'abord, un paradigme de base habite la série de la première à la dernière minute: unité de lieu, et unité de temps. Pas de flashback, pas d'histoires parallèles. Nous faisons partie de la cohorte de chariots, et nous restons avec elle, tout le temps. Un procédé immersif qui nous permet de participer pleinement à l'aventure. Une volonté de réalisme, ensuite, tant dans les épreuves subies par ces émigrés européens désirant rejoindre la terre promise de l'Oregon se révèlent sans pitié. Dans ces lieux inhospitaliers, chaque traversée de fleuve est une épreuve, une piqure de serpent dans les latrines est mortelle, tout comme les rencontres régulières avec les bandits de grand chemin, et bien sûr, les peuples autochtones. Ou plutôt certaines, puisque prend grand soin de ne pas prendre parti, ni tomber dans toute forme de caricature: comme dans les communautés de colons européens, certaines tribus indiennes sont animées de sentiments belliqueux, d'autres se montrant plus accueillantes, parfois même hospitalières. Sans oublier les colères de Dame Nature, par exemple une spectaculaire tornade dévastant les prairies, et tout ce qui s'y trouve.
Ils partirent à plus de cent, et arrivèrent ... beaucoup moins nombreux. La série montre à quel point la conquête de l'Ouest était une véritable épreuve, humaine, physique et ... métaphysique.
Car là se cache la qualité principale de 1983. Au-delà de l'histoire, une voix off, convaincante (ce qui est rare), permet à au récit de prendre une autre dimension, plus naturaliste, philosophique et même spirituelle. Le voyage, l'inconnu, la solitude, les grands espaces, le rapport à la Nature... De nombreuses thématiques sont abordées, avec élégance et profondeur.
Le tout dans une nature sublime, dans son immense beauté comme dans son implacable cruauté.
"Si tu n'aimes pas profondément cette nature sauvage, tu n'as aucune chance de survivre, soliloque un des personnages principaux. Mais si tu l'aimes sans limites, tu n'es pas non plus sur de survivre."
Tout est dit.
La mise en scène est sobre, le rythme lent, la direction artistique léchée, et le propos volontairement humaniste. Autant de caractéristiques aux antipodes des canons cocaïnés des séries actuelles. Dans 1883, on prend le temps de regarder, de ressentir, de s'extasier et de souffrit. 
Les comédiens du casting 5 étoiles habitent des personnages forcément pittoresques, avec une mention pour le quintette de base, la jeune Isabel May, les chanteurs de country Tim McGraw et Faith Hill, le toujours parfait Sam Eliott, et le bouleversant Lamonica Garett.

Une pleine réussite, donc, qui fait pour moi de 1883 une référence du récit de pionnier, l'égal de ce qu'est La Ligne Rouge de Terrence Malick au film de guerre. Une expérience sensorielle et métaphysique unique. Un compliment de taille que j'assume parfaitement.



1883, série 10*60' créée par Taylor Sheridan.
Bientôt disponible en France.


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DELIVRANCE (Film)

Quatre Américains de classe moyenne descendent une impétueuse rivière située au nord de la Géorgie pour rendre  un dernier hommage à une nature sauvage et condamnée par la construction d'un futur barrage ...



Oui, le film est peu un daté, très années 70.
Mais il n'en reste pas moins une belle première heure de descente de rivière en canoë, suivi d'une scène d'anthologie qui a sa place dans les annales du cinéma. Le propos est d'actualité, puisque ces quatre citadins décident de rendre hommage à une rivière condamnée par l'expansion humaine. Les personnages sont trempés, la situation bien posée, et même si aujourd'hui le film ne fait plus aussi peur qu'à l'époque, il reste le fier représentant d'un cinéma qui n'existe que trop rarement sur nos écrans aujourd'hui. 

Une ballade sur l'eau et une scène d'anthologie. Dépaysant et efficace.

Délivrance, un film de John Boorman, sorti en 1972
Disponible en DVD/BlueRay/VOD






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22 octobre 2022

INTO THE WILD (Film, essai)

Un livre (et un film) retraçant l'histoire vraie de Chris McCandless, jeune américain ayant tout abandonné pour se perdre et se retrouver dans la nature...












Christopher McCandless, alias Christopher Supertramp, disciple de Thoreau, de London et de Tolstoï, décide à la fin de ses études de bruler sa carte bleue, et de renoncer à la société pour être au plus proche de la vérité, celle des grands espaces et des rencontres inattendues.
La principale particularité d’Into The Wild est de s’inspirer d’une histoire vraie, ce qui renforce l’intérêt pour cet incroyable récit à ciel ouvert, qui fait maintenant pleinement partie des classique du nature writing. Le livre à l’origine du film n’est pas un roman mais un compte rendu de l’enquête de son auteur, le journaliste Jon Krakauer qui, après la mort de Christopher McCandless, a cherché à comprendre sa philosophie de vie, et à retracer son parcours. Son travail au plus près de la vérité se ressent à chaque page.

Si le film prend quelques libertés avec le livre dont il est inspiré, il respecte dans les grandes lignes la véritable histoire de Christopher McCandless. A un détail prés : il sous entend parfois que le personnage avait dans son extrémisme des envies de suicide, ce qui le livre dément formellement. Pour le reste, la réalisation de Sean Penn donne la part belle aux paysages grandioses de l’ouest américain et à des personnages touchants qui, les uns après les autres, construisent la légende de Christopher Supertramp en nourissant son évolution. L’interprétation du comédien principal, Emile Hirch, qui s’est beaucoup investi dans la préparation du tournage, apporte une lumière et une crédibilité saisissantes au personnage central d’Into The Wild.
Avec la sensation à travers son voyage que Christopher accède à une vérité essentielle sur le sens de la vie dont nous avons tous conscience au fond de nous mais que nous avons oublié: nous sommes avant tout les membres d'un grand tout que l'on appelle nature.
A noter, cerise sur la gâteau, la magnifique bande originale signée Eddie Vedder.

Un film habité et en apesanteur, et un livre encore meilleur.


Voyage au bout de la solitude (Into the Wild), un essai de Jon Krakauer
Presses de la Cité, 1997 (ISBN 3492227082)


Into The Wild, un film de Sean Penn, sortie 9 Janvier 2008
Disponible en DVD/BlueRay/VOD





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ROMAN: Terre Lointaine
FILM: Wild
FILM: Les Chemins de la Liberté