© P.Yves Touzot 2018

16 mars 2017

KLONDIKE (Mini-série)

Etats-Unis, fin XIXe. Deux jeunes diplômés de l'université de Boston décident de tenter leur chance et de se rendre dans le Yukon pour y participer à la ruée vers l'or ...



Pour les amoureux des romans de Jack London (présent en tant que personnage à l'image), de l'histoire américaine et des grands espaces, la série Klondike est un véritable cadeau.
La grande qualité de ce voyage au pays des chercheurs d'or ne réside pas dans son scénario qui, s'il se laisse suivre sans accrocs, aurait mérité davantage d'enjeux, de profondeur et de rebondissements, mais dans l'incroyable reconstitution historique d'une des périodes à la fois les plus populaires et les plus méconnues de l'histoire de l'Amérique. 
La série s'ouvre par une séquence très spectaculaire de traversée de la White Pass, passage obligatoire pour les chercheurs d'or fraichement débarqués de leur bateau pour atteindre le Yukon, la rivière Klondike, Dawson City, et ses champs aurifères. Une fois de l'autre côté du col, un monde sauvage, violent et rarement source d'enrichissement les attendait. Et c'est la que la série prend tout sa signification, en nous montrant à quel point trouver de l'or dans de telles conditions était difficile, voire impossible. 
Une fois sur place, les chercheurs d'or devaient obtenir une concession, trouver du matériel pour l'exploiter,  y travailler jour et nuit pendant les beaux jours avant que l'hiver ne rende le sol trop dur pour être creusé. Ils devaient survivre à la famine, à la maladie, à l'hiver rigoureux et ses températures inhumaines, le tout dans des conditions de vie misérables, au coeur d'une faune humaine violente, isolée du monde civilisé et de ses lois. Et lorsque certains trouvaient de l'or, ce qui arrivait rarement et presque toujours en petites quantités, ils devaient échapper aux sirènes des sociétés privées qui s'enrichissaient sur les souffrances et les malheurs des chercheurs d'or en rachetant leur maigre butin pour une misère. Pour ceux qui parvenaient malgré ces obstacles à quitter la région avec quelques dizaines de grammes dans les poches, le plus dur restait à venir: ils devaient survivre au long voyage de retour vers le monde civilisé, sur des pistes truffées de pilleurs, de voleurs et de charognards. 
Au terme des quelques heures passées en immersion dans le Yukon sauvage de la fin du XIXe à regarder cette série, une évidence s'impose: chercheur d'or n'était pas un métier de tout repos. 

Un travail de reconstitution historique impressionnant pour une histoire qui nous immerge dans la réalité de la ruée vers l'or.  

Klondike, une série 3*90' réalisée par Simon Cellan Jones, produit par Ridley Scott, sortie en 2014.
Disponible en DVD/BlueRay/VOD







Sur ce site:

FILM, DOC et ROMAN: The Revenant
FILM: Le Convoi Sauvage
FILM: La Piste des Géants







13 mars 2017

BD: Sauvage ou la sagesse des Pierres

Suite à la mort de son compagnon de randonnée, une jeune femme se retrouve seule dans une forêt et va faire un voyage mystique et métaphysique au cœur de la nature ...


Sauvage ou la sagesse des Pierres est une (longue) bande dessinée (presque) en noir et blanc qui nous invite à une immersion dans une forêt pour une fable mystique et métaphysique inspirée sur le rapport entre l'homme et la nature. L'héroïne, une jeune femme, voit son compagnon de randonnée mourir devant elle, et va, au sens propre comme au sens figuré se fondre dans la forêt. Durant son errance, elle sera hantée par le souvenir de son compagnon, reflet de sa propre part humaine agonisante. Elle assistera au réveil de sa part animale, et de ses sens depuis longtemps endormis par la vie en société. Elle sera confrontée au monde animal, à travers sa rencontre avec un renard rouge (à n'en pas douter un hommage au Petit Prince), au monde végétal représenté par des séquoias plusieurs fois centenaire, et enfin au monde minéral, à ces pierres annoncées dans le titre, et à leur sagesse.
Au fil des pages, l'auteur, Thomas Gilbert, brasse de nombreux thèmes, mais il nous invite davantage à une transe intérieure qu'à une réflexion structurée, en apportant rarement des réponses aux questions qu'il soulève. Il alterne des passages très lumineux et d'autres beaucoup plus sombres, voir résolument noirs, et il n'épargne rien à son personnage féminin, tant d'un point de vue physique que psychologique. Planches après planche, nous l'accompagnons dans sa quête existentielle, et dans son voyage violent et libératoire au plus proche des éléments naturels. Son histoire, poignante, ne nous lâche pas jusqu'à la dernière page. 
Thomas Gilbert s'offre une grande liberté dans la qualité de ses dessins, parfois très travaillés, d'autres fois plus crayonnés, une disparité qui, lorsque l'on y prête attention, a toujours du sens. Certains, comme moi, pourront être un peu repoussés à la lecture des premières pages par l'âpreté du graphisme, mais le voyage vaut l'effort de passer outre et de se laisser embarquer au cœur de cette forêt, au plus proche des renards, des séquoias, des pierres, de la pluie, du vent, des rivières et des hautes herbes. 

Un voyage au cœur de la nature. Profond et inspiré.

Sauvage ou la Sagesse des Pierres, une bande dessinée de Thomas Gilbert (2016).
Disponible aux Editions Vide Cocagne.



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