© P.Yves Touzot 2018

31 décembre 2017

LE DERNIER ERMITE (Essai)

L'incroyable histoire de cet homme qui a vécu pendant 27 ans en ermite dans une forêt du Maine...


Un peu comme Jon Krakauer avec Christopher McCandless, Michael Finkel, journaliste lui aussi, est allé à la rencontre de Christopher Knight, cet américain qui a vécu 27 ans en ermite dans une forêt du MaineMais la comparaison s'arrête là: l'histoire du héros du Dernier Ermite n'a rien à voir avec celle d'Into The Wild, et c'est là tout son intérêt.
Car si Christopher McCandless avait développé une philosophie critique vis-à-vis de notre société moderne de consommation, Christopher Knight s'est isolé du monde par instinct, sans vraiment y réfléchir. Et il le dit très naturellement dans ce qui reste l'une des phrases clés de cet essai passionnant sur la vie d'ermite: "Je suis incapable d'expliquer mes actes. Quand je suis parti, je n'avais rien prévu. Je n'avais rien en tête. Je l'ai fait. C'est tout". Christopher Knight n'est pas parti voyager à la découverte de la beauté des grands espaces nord-américains. Il n'est pas non plus allé se nourrir de rencontres insolites avec des inconnus. Il s'est sédentarisé pendant 27 ans dans un campement derrière deux gros rochers, à moins de cinq minutes à pieds du premier chalet habité (l'été), et à une quarantaine de kilomètres seulement de l'endroit où il vivait avec sa famille. Pendant 27 ans, il a survécu aux hivers les plus glacials sans jamais allumer de feu (pour ne pas se faire repérer), et en commettant pour se nourrir plus de 1000 cambriolages dans les chalets des alentours désertés pour l'hiver, sans jamais se faire prendre, sans jamais rien voler de valeur. Au fil des années, il est devenu une espèce de mythe local, jusqu'à ce qu'un garde forestier plus malin que les autres finisse par le prendre la main dans le sac. Pendant 27 ans, il n'a prononcé qu'un seul mot, bonjour, à un touriste croisé par hasard à proximité de son camp. Cette solitude absolue fait de Christopher Knight un ermite hors norme. Chez lui, aucune motivation d'ordre religieuse ou spirituelle, pas de volonté de recherche scientifique ou existentielle, et aucune envie de transmettre son expérience, juste un appel irrésistible à vivre seul, auquel il a répondu. Thoreau, Robinson Crusoé (le vrai, pas celui du roman), Siddhartha, Jésus... tous ces ermites célèbres de l'Histoire apparaissent subitement légers dans leur démarche, comme dans leur isolement. 
Michael Finkel, en journaliste davantage qu'en dramaturge, nous fait entrer petit à petit dans l'histoire de ce personnage hors norme, avec une fascination sincère et une admiration assumée, dans un essai entonnoir qui prend un peu de temps à prendre son rythme de croisière mais gagne en densité (et en intérêt) au fur et à mesure des chapitres. Il nous offre un témoignage complet et captivant sur 27 années de solitude au plus près de la nature. Les amateurs de récit de survie resteront un peu sur leur faim, mais ceux intéressés par les personnages atypiques et solitaires ne pourront que se passionner pour ce Dernier Ermite.

L'histoire vraie d'un ermite des temps modernes. Fascinant.


Le Dernier Ermite, de Michael Finkel
Paru en 2017 aux Editions Jean-Claude Lattès


Sur ce site, d'autres histoires d'ermite:





22 décembre 2017

ESSAI et DOC: Les pouvoirs magiques de l'Eau

Un documentaire et un essai consacrés aux travaux de Masaru Emoto sur les pouvoirs de l'eau.


Masaru Emoto (1943/2014), scientifique japonais, a passé toute sa vie à étudier l'eau et ses pouvoirs surprenants, pour ne pas dire magiques. A l'origine de ce parcours atypique, des photos de cristaux de molécule d'eau congelés instantanément dans différents types d'environnement, donnant à chaque fois des dessins aux structures géométriques différentes. Saviez-vous que les cristaux de glace n'ont pas la même forme quand ils sont figés par le froid dans une pièce baignée par la musique de Jean Sébastien Bach et celle d'AC/DC ?
Surprenant, non ?
Surprenants, les travaux de Masaru Emoto le sont profondément.
Très critiquées par la communauté scientifique à ses débuts, ses théories ont acquis depuis une notoriété internationale, et une forme de reconnaissance. Difficile (en tout cas pour moi) de prendre position d'un point de vue scientifique, mais d'un point poétique, philosophique et métaphysique, ses théories sont à la fois troublantes et enthousiasmantes. Car nous le savons tous, l'eau, cet élément indispensable à la vie sur Terre, est présente partout autour de nous, dans des formes et des environnements très différents. Nous sommes fais à 70% d'eau. La terre est couverte à 70% d'eau. Et cette eau voyage sous sa forme solide dans notre galaxie depuis la nuit des temps. Dès lors, comment ne pas croire que cette matière n'ait pas quelques propriétés étonnantes que nous ignorons encore ?
Pour entrer dans cet univers singulier, un film, et plusieurs essais.
Les Pouvoirs Magiques de l'Eau, réalisé par une documentariste russe,  présente les travaux de Masaru Emoto, en les illustrant par des témoignages très parlants, et des expériences souvent troublantes. Un exemple parmi les plus spectaculaires de ces expériences: du riz provenant d'un même sac est noyé dans une même eau dans trois bols différents. Dans le premier bol livré à lui même, le riz pourri normalement. Dans le second bol, le riz soumis quotidiennement à des insultes et à des pensées négatives noircit sans pourrir. Dans le troisième, le riz soumis à des mots d'amour et à des pensées positives blanchit sans jamais pourrir. Troublant, non ?
Les Messages Cachés de l'Eau, premier essai publié sur les travaux de Masaru Emoto, est un livre facile d'accès, idéal pour entrer dans l'univers de ce scientifique atypique. Il raconte la genèse de ses théories, les débuts de ses travaux et le développement de ces théories de manière simple et directe, sans jamais tenter d'imposer quoi que ce soit au lecteur. La vision philosophique de son auteur et ses recherches plus scientifiques se marient sans que l'une prenne le pas sur l'autre, laissant chacun libre de croire plus ou moins à ces pouvoirs magiques. Une fois le premier volume refermé, les curieux et les convaincus pourront découvrir les nombreuses publications suivantes autour de ce thème, qui si elles ne révolutionnent jamais vraiment le contenu de ce premier livre, complètent et développent ses théories. 

Au-delà du vrai et du faux, du prouvé et du subjectif, ce documentaire et ces essais nous invitent à un voyage aux frontières de la science, de la métaphysique et de la poésie, à la découverte du monde magique de l'eau.

Poétique, instructif et stupéfiant.

Water, le pourvoir secret de l'eau, un documentaire d'Anastasyia Popova, sortie 28 mars 2012.
Film disponible en DVD/BlueRay/VOD, et en accès libre sur YouTube.






Les messages cachés de l'eau, éd. Guy Trédaniel (2004)



Sur ce site, pour en savoir plus sur les pouvoirs magiques de la nature:





11 décembre 2017

LE GRAND BLEU (Film)




L'histoire d'amitié et la rivalité sportive entre deux apnéistes dans les années 80.




Oui, le film de Luc Besson a vieilli.
Oui, le film est critiquable à beaucoup d'égards.
Pourtant, il se dégage du Grand Bleu un charme un peu kitch incomparable, et une déclaration d'amour sincère à la mer.
Le troisième film de Luc Besson (après le Dernier Combat et Subway) est (très) librement inspiré des vies de Jacques Mayol et d'Enzo Maiorca, deux légendes réelles du monde de l'apnée des années 70 et 80. Dans le film, le premier, interprété par Jean-Marc Barr, est présenté comme un rêveur puriste, un amoureux des océans et des dauphins, un taiseux à la limite de l'autisme. Le second, Enzo Molinari (Enzo Maiorca ayant refusé que son nom apparaisse), interprété par Jean Reno, est un Italien grande gueule, un compétiteur acharné et une sorte de mentor. Le Grand Bleu raconte leur histoire d'amitié et de rivalité sportive dans l'univers de la plongée no limit, une discipline méconnue du grand public où les plongeurs lestés par des gueuses se laissent descendre toujours plus profond dans le "grand bleu" des profondeurs.
Luc Besson s'adresse davantage aux sens qu'à l'intellect, en nous offrant un film sensoriel plus qu'un témoignage sur ce sport et cet univers. Les rapports entre les personnages manquent souvent de consistance, et le scénario reste très linéaire. En fait, l'intérêt est ailleurs, dans ce voyage en immersion au cœur de ce Grand Bleu que l'affiche et le titre vendent. Et de ce point de vue, le film fonctionne. La durée des séquences de plongée, la lenteur du rythme de montage et la beauté des images nous entraînent sous l'eau en temps quasiment réel, pour ressentir cette jouissance (et cette ivresse) des profondeurs.
Ce rythme particulier, ces images magnifiques et la musique planante d'Eric Serra suffiront à ramener les fans de la première heure trente ans en arrière, au Grand Rex, en Grand Large, pour des projections d'anthologie. Quant à ceux qui découvriront le film, ils formeront comme à l'époque deux familles distinctes et opposées: d'un coté ceux qui resteront froidement sur le ponton, de l'autre ceux qui plongeront sans retenu dans l'océan.

Un véritable film sur le rapport à l'océan, vu à travers le prisme de l'apnée.
Un peu daté, mais sincère et immersif.

Le Grand Bleu, un film de Luc Besson, sorti en 1988.
Disponible en DVD/BlueRay/VOD






Sur ce site, pour les amoureux de la Grande Bleue:

BD: Un Océan d'Amour
RECIT: La Longue Route
FILM: All is Lost






2 décembre 2017

OLDFOREST (Roman)

Oldforest, mon nouveau roman, sort aujourd'hui aux Editions du Caillou.














Anton Reed est de retour à Oldforest, parc national de l'Ouest canadien réputé pour sa forêt originelle. Il vient pour commémorer la mort accidentelle de Déborah, son ancienne compagne.  Lorsqu'il croise brièvement et par hasard dans le seul village du parc une jeune femme qui lui ressemble, il lui devient impossible de repartir sans obtenir de réponse. Avec l'aide d'Alaska, une photographe qui vit sur place, il va se lancer à sa recherche et à la découverte des mystères d'Oldforest, de son étrange communauté d'habitants et de sa mystérieuse forêt.

P.Yves Touzot nous invite à un voyage en immersion dans l'hiver rigoureux de l'Ouest canadien, pour un thriller fantastique à la fois trépidant et poétique. Un grand roman d'aventure au plus près de la nature. 

LIEN: Editions du Caillou





Sur ce site, pour les amoureux des hivers rigoureux:

ROMAN: Indian Creek
BD: Construire un Feu
ROMAN, FILM, DOC: The Revenant









24 octobre 2017

LE CONVOI SAUVAGE (Film)

Quelque part dans l'ouest américain, au début de la conquête de l'Ouest, un homme gravement blessé par un grizzli est laissé pour mort par ses collègues trappeurs et se bat pour survivre ...


L'histoire de cet homme laissé pour mort dans la nature qui se bat pour sa survie vous semble familière ? Normal: Le Convoi Sauvage, Man in Wilderness dans son titre original, racontait en 1971 la même histoire que The Revenant, le film de Alejandro Innaritu sorti en 2016. Et cet article (et ce film) s'adresse essentiellement aux vrais amateurs du film d'Hugo Glass qui seront curieux découvrir cette autre adaptation des aventures de ce héros légendaire (renommé Zachary Bass dans cette version). Car il faut le dire clairement, Le Convoi Sauvage a beaucoup vieilli, tant dans le réalisme daté de sa dramaturgie que dans sa forme visuelle et sonore, et la comparaison avec la version plus récente ne joue pas en sa faveur. Pourtant, le film de Richard C. Sarafian n'en reste pas moins une honnête tentative de film d'immersion en milieu naturel hostile, et un témoignage sur les débuts de la conquête de l'Ouest. La nature y est moins magnifiée que chez Innaritu, les souffrances et les blessures moins dures à supporter chez Richard Harris que chez Léonardo Di Caprio, mais le film invite comme son successeur à passer deux heures dans la nature, au milieu des indiens et des trappeurs, dans un film très représentatif du style et de l'audace du cinéma américain des années 70. A noter la présence de John Huston dans le rôle du capitaine, et les images de ce bateau posé sur un chariot trainé par des chevaux dans les plaines sauvages de l'ouest américain (ou plus exactement du centre de l'Espagne cher à Sergio Leone où le film fut tourné), qui ont peut être inspiré Werner Herzog pour son magistral Fitzcarraldo, sorti une dizaine d'années plus tard.
Pas le film du siècle, ni de la décennie, mais une curiosité pour les fans de The Revenant et les cinéphiles avertis.

The Revenant, version années 70.

Le Convoi Sauvage, un film de Richard C. Safarian, sorti en 1971.
Disponible en DVD/BlueRay/VOD






Sur ce site:

















8 octobre 2017

L'HOMME QUI MURMURAIT A L'OREILLE DES CHEVAUX (Film, roman, doc)

Suite a un accident qui a coûté la vie à sa meilleure amie et gravement blessé son cheval, une jeune fille part avec l'animal blessé dans le Montana pour bénéficier des soins d'un dresseur de chevaux ...










Grand classique du cinéma hollywoodien des années 90, L'Homme qui murmurait à l'oreilles des Chevaux est tiré du roman éponyme de Nicolas Evans qui dressait le portrait d'un dresseur de chevaux aux méthodes très particulières, basées sur la compréhension de la nature, des besoins et des envies de l'animal. Il s'inspire sans le citer d'un personnage réel, Buck Brannaman, mondialement reconnu pour sa capacité à guérir des chevaux traumatisés par des accidents ou des mauvais traitements, et qui a participé au tournage en qualité de conseiller technique.
Le film, à la fois très classique et très réussi, raconte deux histoires: la guérison parallèle d'un cheval détruit par une collision avec un camion, et d'une jeune fille amputée d'une partie de la jambe suite à ce même accident, et l'histoire d'amour à priori impossible entre une citadine convaincue (et mariée) et un amoureux des grands espaces que presque tout sépare. Robert Redford, à la fois réalisateur, producteur et interprète de cet homme qui murmure à l'oreille des chevaux, compose un de ses plus beaux personnages, pour ce qui est sans doute l'un de ses films les plus emblématiques de sa volonté inébranlable de partager son amour de la nature et des grands espaces. A ses côtés, Kristin Scott Thomas nous offre une de ses prestations les plus abouties et les plus touchantes, en maman de la ville qui tente de sauver à la fois sa fille et son cheval, et de résister à son attirance pour cet homme irrésistible. Enfin, dans le rôle de la jeune fille, Scarlett Johansson, véritable révélation du film, apporte à son personnage justesse et gravité, pour ce qui restera son premier grand rôle au cinéma, un rôle qui lui ouvrira les portes de la renommée. 
Grâce à une première scène (l'accident) très forte, Robert Redford nous plonge immédiatement dans les problématiques de survie de cette petite famille et de son cheval. Une fois dans le Montana et ses paysages sublimes, au plus prés de la nature,  nous nous remettrons petit à petit, comme les personnages principaux du film, du traumatisme de cette violente scène d'ouverture. 

Un joli voyage dans les paysages sublimes du Montana, à la rencontre d'un personnage hors norme, pour une très jolie histoire d'amour à quatre personnages, dont un cheval.

















L'homme qui murmurait à l'oreille des Chevaux, un film produit et réalisé par Robert Redford, sorti en 1998.
Disponible en DVD/BlueRay/VOD.



L'homme qui murmurait à l'oreille des Chevaux, un roman de Nicolas Evans.
Paru aux éditions Albin Michel (1996), disponible en édition de poche.

A noter qu'un documentaire (que je n'ai pas vu), Buck, sorti en 2011, est consacré à Buck Branamman et à ses méthodes de chuchoteur.














Buck, un documentaire réalisé par Cindy Meehl, sortie le 17 Juin 2011.
Disponible en DVD/VOD et sur YouTube.

Pour les amoureux des grands espaces, sur ce site:

FILM: Les Chemins de la Liberté
FILM: La Tortue Rouge
ROMAN: Terre Lointaine











LA VIE SECRETE DES ARBRES (Documentaire et essai)

Voyage au cœur de la société des Arbres, à la rencontre d'un univers familier mais méconnu, pour une fabuleuse ode à l'intelligence collective végétale ...


La vie des Arbres.
Des traductions dans plusieurs dizaines de langues.
Des millions d'exemplaires vendus.
Des millions de lecteurs à travers le monde.
Voilà qui est rassurant, car plus que jamais, ce livre change notre rapport aux arbres, à la forêt, à la nature en général et au vivant, à travers un voyage dans un univers familier que nous connaissons finalement assez mal. Peter Wohlleben, l'auteur, vit en Allemagne. Il a travaillé pendant plus de vingt ans dans une forêt, vingt années passées à observer la société des Arbres. Il la connait bien, et à travers ce livre, il partage avec son lecteur le fruit de ses découvertes et de ses réflexions. L'auteur nous raconte comment les Arbres naissent, grandissent, vivent, souffrent, communiquent entre eux, comment ils se défendent contre les agresseurs, s'entraident les uns et les autres, et, à leur manière, comment ils pensent le monde. Leur intelligence collective et leur solidarité forcent notre admiration, et nous invitent à réfléchir à notre propre organisation d'être humain en société. La plume est vive, joyeuse, dansante, le discours passionnant, les explications scientifiques faciles d'accès. Mais surtout, le bonheur que prend son auteur à nous parler des Arbres est évident, et il nous le communique à chaque page. Et une fois ce livre refermé, notre regard sur la forêt n'est plus le même. Et une certitude s'impose: nous avons beaucoup à apprendre des Arbres.

Sans doute LE livre grand public sur les Arbres. Instructif et jouissif.

La vie secrète des arbres, un essai de Peter Wohlleben
paru aux Editions les Arènes en 2017.
http://www.arenes.fr/livre/vie-secrete-arbres/



A noter la sortie en salle d'un documentaire (que je n'ai pas encore vu) basé sur le livre.












L'intelligence des Arbres,  un documentaire réalisé par Guildo Tolke et Julia Dordel.
Sortie le 27 septembre 2017 au cinéma.

Sur ce site, pour les amoureux des arbres:

BD: Sauvage ou la sagesse des pierres
ROMAN: Le Journal Intime d'un Arbre
ROMAN: Terre Lointaine










11 septembre 2017

ET AU MILIEU COULE UNE RIVIERE (Film)

Montana, début du siècle. Un pasteur inculque à ses enfants sa philosophie de vie à travers sa passion pour le pêche à la mouche ...



À travers l'histoire de ce pasteur et de ses deux fils unis par leur passion commune pour la pêche à la mouche, Robert Redford, grand amoureux de l'Amérique des grands espaces, nous offre sans doute son film le plus personnel. Inspiré d'une nouvelle de Norman MacLean, La rivière du Sixième Jour, le réalisateur s'offre un luxe rare, celui de prendre son temps pour nous laisser nous imprégner des bienfaits de ce rapport entre l'Homme, la rivière et la nature environnante.
Le père, interprété par Tom Skerritt, à la fois dur et généreux, Brad Pitt, dans l'une de ses premières apparitions au cinéma, et tous les autres rôles principaux nourrissent cette saga familiale en la rendant à la fois sobre et émouvante.
Mais la grande force du film réside avant tout dans la philosophie de vie du père, inspirée par un mouvement nord-américain du début du XVIIe siècle initié par Izaac Walton, qui est ici davantage suggérée qu'imposée, ce qui laisse l'espace au spectateur pour se l'approprier, dans sa totalité ou en partie seulement, à son rythme, sans avoir l'impression d'assister à une démonstration démagogique pesante. Presque deux cents ans avant Thoreau, cette pensée qui associe philosophie, religion, rapport à la nature et pêche à la mouche se révèle aujourd'hui incroyablement avant-gardiste. 

Une ode à la famille et à la vie au contact de la nature. Dépaysant et apaisant.

Et au milieu coule une Rivière (A River through it), un film de Robert Redford sorti en 1992.
Disponible en DVD/BlueRay/VOD.







29 août 2017

LES JOURS, LES MOIS, LES ANNEES (Roman)

Quelque part en Chine, par une insoutenable canicule, un vieux paysan et son chien aveugle se battent pour cultiver le dernier plant de maïs à avoir survécu...


Les Jours, les Mois, les Années est un conte poético-philosophique sombre de Yan Lianke, romancier chinois contemporain, auteur d'une douzaine de romans.
Lorsque les habitants de son village fuient la sécheresse qui s'abat sur la région, un vieil homme au crépuscule de sa vie décide de rester sur place pour sauver l'ultime plant de maïs encore vivant dans toute la vallée. Les Jours, les Mois, les Années raconte au quotidien l'ultime combat de sa vie pour offrir des graines à son peuple lorsqu'il reviendra de son exode forcé. Accompagné d'un chien devenu aveugle d'avoir trop fixé le soleil pour le supplier de céder sa place à la pluie, le vieux paysan va, un peu à la Jean de Florette, parcourir des distances indécentes pour trouver de l'eau, affronter la violence de milliers des rats affamés, et être confronté à l'apparition d'une étrange meute de loups.
Le comportement des animaux, les conversations entre le chien et son maître, sa dévotion totale pour son plant de maïs, ses solutions pour survivre à la famine ... Rien n'est réaliste dans cette œuvre singulière au plus près des éléments naturels. Au fil des pages, le roman prend toute sa dimension allégorique en nous invitant à une réflexion sensitive sur la vieillesse, le rapport à la mort, et le cycle de la vie. L'histoire de cet homme solitaire et de son combat dérisoire est dure, âpre, parfois proche de l'insupportable, mais elle véhicule un message universel d'une beauté poignante.

Un oeuvre singulière, à la fois âpre et lumineuse. Un hymne vibrant à la vie.

Les Jours, les Mois, les Années, un roman chinois de Yan Lianke
Première parution en France en 2009.
Disponible aux éditions Philippe Picquier

Sur ce site, pour les amateurs de personnages solitaires: