Inutile d'essayer de le cacher, Seul au Monde est un film hollywoodien, basé sur un scénario huilé et efficace, mais souvent cousu de fil blanc. L'histoire s'ouvre par une longue introduction visant à présenter le héros dans son quotidien protégé et confortable, mais aussi (et surtout) FedEx, célèbre société de livraison à domicile, personnage à part entière du film, et sans doute aussi investisseur conséquent dans son financement. L'épilogue, lui, s'étire un peu trop pour aboutir sur un happy end consensuel à la fois touchant et insupportable.
Pourtant, le film fonctionne, car entre ces deux phases un peu classiques, Seul au Monde offre une bonne heure et demie d'immersion dans une histoire de survie honnête et prenante, portée par une prestation très investie et convaincante de Tom Hanks, sans doute à cette époque à l'apogée de sa carrière.
Après une incroyable séquence de crash d'avion vue de l'intérieur et une non moins stupéfiante séquence de survie dans une mer déchainée, Chuck Noland, un cadre supérieur de chez FedEx se retrouve seul sur une minuscule île du Pacifique. Au programme, visite de cet ilot du bout du monde, apprentissage de l'allumage de feu, découverte des joies de la pèche, expériences d'ouverture de noix de coco, séance d'auto chirurgie dentaire, et inévitable chantier de construction de radeau.
Si cette réappropriation du mythe de Robinson Crusoé n'est pas toujours originale, elle s'offre tout de même quelques transgressions innovantes. Dans Seul au Monde, point de cabane, de lit ou de table de fabrication artisanale, notre rescapé solitaire se contentant du minimum, à savoir une grotte pour les jours de pluie, et une porte de placard d'avion en guise d'abri pour les journées trop ensoleillées. Petit à petit, la mer rejette sur la plage une collection de paquets (non livrés) FedEx, et nous offre une scène hilarante dans laquelle le héros, comme un enfant un matin de Noël, ouvre les uns après les autres ses cadeaux de fortunes. Certains lui seront précieux dans sa quête de survie, d'autres absurdement inutiles. Vendredi cède sa place à Wilson, un ballon de volley-ball maquillé en visage, qui, véritable exploit, parvient par moment à voler la vedette à Tom Hanks.
Petit à petit, sur ce petit morceau de terre perdu dans l'immensité de l'océan, le temps se dilate, notre héros s'adapte, évolue, souffre, et nous avec lui. Et lorsqu'il quitte enfin sa prison, il nous laisse à la fois soulagés de le voir regagner la civilisation, et frustrés de ne pas rester encore un peu sur cette île du bout du monde.
Cast Away, un film de Robert Zemeckis, sorti en 2000.
Disponible en DVD/BlueRay/VOD.
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