© P.Yves Touzot 2018

23 octobre 2022

1883 (Série)

La longue transhumance d'un groupe de pionniers entre le Texas et l'Oregon, en 1883.



Après avoir vu (et lu) un certain nombre de films (et de récits) sur la thématique des pionniers pendant la conquête de l'Ouest, une conclusion s'impose: la série 1883 fait incontestablement parti du très haut du panier. Présentée comme un prequel de la (déjà très bonne) série Yellowstone, la série raconte l'arrivée des ancêtres de la famille Dutton dans la sublime vallée qui accueille leur ranch, sur ces terres si chères à leur coeur. Mais cette forme de paternité historique n'a aucune importance tant la sérié 1883 se tient en elle-même. Et à mes yeux, elle raconte bien davantage que l'histoire des ancêtres de cette famille.
Tout d'abord, un paradigme de base habite la série de la première à la dernière minute: unité de lieu, et unité de temps. Pas de flashback, pas d'histoires parallèles. Nous faisons partie de la cohorte de chariots, et nous restons avec elle, tout le temps. Un procédé immersif qui nous permet de participer pleinement à l'aventure. Une volonté de réalisme, ensuite, tant dans les épreuves subies par ces émigrés européens désirant rejoindre la terre promise de l'Oregon se révèlent sans pitié. Dans ces lieux inhospitaliers, chaque traversée de fleuve est une épreuve, une piqure de serpent dans les latrines est mortelle, tout comme les rencontres régulières avec les bandits de grand chemin, et bien sûr, les peuples autochtones. Ou plutôt certaines, puisque prend grand soin de ne pas prendre parti, ni tomber dans toute forme de caricature: comme dans les communautés de colons européens, certaines tribus indiennes sont animées de sentiments belliqueux, d'autres se montrant plus accueillantes, parfois même hospitalières. Sans oublier les colères de Dame Nature, par exemple une spectaculaire tornade dévastant les prairies, et tout ce qui s'y trouve.
Ils partirent à plus de cent, et arrivèrent ... beaucoup moins nombreux. La série montre à quel point la conquête de l'Ouest était une véritable épreuve, humaine, physique et ... métaphysique.
Car là se cache la qualité principale de 1983. Au-delà de l'histoire, une voix off, convaincante (ce qui est rare), permet à au récit de prendre une autre dimension, plus naturaliste, philosophique et même spirituelle. Le voyage, l'inconnu, la solitude, les grands espaces, le rapport à la Nature... De nombreuses thématiques sont abordées, avec élégance et profondeur.
Le tout dans une nature sublime, dans son immense beauté comme dans son implacable cruauté.
"Si tu n'aimes pas profondément cette nature sauvage, tu n'as aucune chance de survivre, soliloque un des personnages principaux. Mais si tu l'aimes sans limites, tu n'es pas non plus sur de survivre."
Tout est dit.
La mise en scène est sobre, le rythme lent, la direction artistique léchée, et le propos volontairement humaniste. Autant de caractéristiques aux antipodes des canons cocaïnés des séries actuelles. Dans 1883, on prend le temps de regarder, de ressentir, de s'extasier et de souffrit. 
Les comédiens du casting 5 étoiles habitent des personnages forcément pittoresques, avec une mention pour le quintette de base, la jeune Isabel May, les chanteurs de country Tim McGraw et Faith Hill, le toujours parfait Sam Eliott, et le bouleversant Lamonica Garett.

Une pleine réussite, donc, qui fait pour moi de 1883 une référence du récit de pionnier, l'égal de ce qu'est La Ligne Rouge de Terrence Malick au film de guerre. Une expérience sensorielle et métaphysique unique. Un compliment de taille que j'assume parfaitement.



1883, série 10*60' créée par Taylor Sheridan.
Bientôt disponible en France.


Sur ce blog, dans la même thématique:



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire